01/02/2005

La Shoah est en nous

Soixante ans après la libération d’Auschwitz, la France, après un long, progressif et difficile travail sur son histoire, a intégré de façon exemplaire un enseignement de la Shoah dans le curriculum scolaire. Les cérémonies et les hommages aux victimes juives, la récente mise en valeur des Justes des Nations, rencontrent un soutien général de la classe politique et de la société civile, franges extrêmes exclues.

Soixante ans après la libération d’Auschwitz, la France est un des rares pays où si vous envoyez un des vos fils, casquette sur la tête et livre en hébreu dans les mains, dans certains quartiers, il y a de fortes possibilités qu’il revienne vous rapporter un épisode de bousculade ou d’injures. Pas de quoi instruire une plainte, mais assez pour laisser un sentiment de peur et d’humiliation aux conséquences durables.

Est-ce à dire que les efforts ont été vains ? Certes, les flambées antisémites actuelles ne ressortissent pas- loin de là- à un simple échec éducatif, même si certains professeurs pensent que l’hostilité de leurs élèves leur interdit de parler de la Shoah Quant aux motifs de ce nouvel antisémitisme, seule la mauvaise foi exonère la vulgate antiisraélienne à laquelle contribuent tant d’antiracistes patentés.

Si l’antisémitisme reste minoritaire, la tolérance à l’antisémitisme –est-ce vraiment différent ?- a malheureusement augmenté sur fond de peur et de sentiment d’impuissance avec le désir de renvoyer dos à dos les protagonistes dans le fantasme des conflits communautaires.

L’école est aujourd’hui victime d’un découplage éducatif : c’est en dehors d’elle, dans des microsociétés aux codes spécifiques ou dans la fraternité anonyme des sites web, lieux privilégiés de manipulation et de fuite du réel que des jeunes en mal d’intégration cherchent un sens à leur existence.

Si l’école veut reconquérir ces « territoires perdus de la république », l’enseignement de la Shoah offre, malheureusement, un outil privilégié. D’abord la connaissance de l’histoire avec ses horreurs et le poids de ses réalités pourrait contribuer à extirper les sirènes dangereuses du monde du virtuel et relativisme moral qui devient le nôtre : le mal est absolu non parce qu’ il a frappé les juifs, mais parce qu’il a cherché à anéantir l’autre de nous-même en le décrétant indigne de vivre. Comprendre ce que signifient les nombres, ces millions de morts qui tous furent une existence et une souffrance humaine et non pas un élément anonyme d’un ensemble étranger (les « juifs ») . Comprendre le caractère trompeur d’une image, et la manipulation émotionnelle qu’elle peut engendrer, alors que le vide n’est pas photogénique. Comprendre la fragilité et la suggestibilité humaine, son attirance pour la démission fusionnelle dans l’enthousiasme d’une foule, soulevée par des idéologues charismatiques. Réfléchir sur la volonté d’aveuglement des démocraties au bord du gouffre. Refuser les amalgames et prendre les faits et les mots au sérieux. Découvrir l’inanité des rumeurs et des explications par le complot.

Autrement dit se donner la possibilité d’être un homme responsable de soi et de l’autre homme. Difficile programme d’enseignement, mais où irons-nous sans cela ? Car la Shoah est en nous, comme horizon du possible et comme combat permanent.

Dr RICHARD PRASQUIER

Président du Comité français pour Yad Vashem

Membre du Conseil international d'Auschwitz et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Conseiller du Président du CRIF

25/01/2005

Discours du Président de la République pour l'Inauguration du Mémorial de la Shoah

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de l'inauguration du Mémorial de la Shoah.

Merci aussi à vous, Serge Klarsfeld, et à vous, Richard Prasquier. Je mesure tout ce que notre pays doit à la généreuse abnégation d'hommes tels que vous et à l'action patiente des deux institutions que vous dirigez : "Les Fils et les Filles des Déportés Juifs de France" et "le Comité français pour Yad Vashem".

08/01/2005

Auschwitz, soixante ans après

par Aude Lecat
Extrait de L’Arche n°561, janvier 2005
Numéro spécimen sur demande à info@arche-mag.com

10/09/2004

Début de dialogue encourageant entre les musulmans de l'UOIF et les juifs du CRIF

Article du 10/09/04
Par Xavier Ternisien
Source : LE MONDE

"Toucher à un juif, c'est contraire aux principes de l'islam", a dit le secrétaire général de la fédération musulmane, Fouad Alaoui. "L'UOIF a fait preuve de maturité", a indiqué Bernard Kanovitch, du CRIF.
Ils sont arrivés en retard, vers 18 h 20, alors qu'une troupe de journalistes les attendaient sur le trottoir de la rue Broca, dans le 5e arrondissement de Paris, face à l'immeuble qui abrite le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Un camion de police stationnait à proximité.

Fouad Alaoui, le secrétaire général de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), est descendu d'un taxi, débonnaire et sans cravate, entouré de deux autres représentants de la fédération musulmane.

Aussitôt, une dizaine de nervis de la Ligue de défense juive, qui s'étaient postés en embuscade, se sont mis à vociférer : "Alaoui, facho ! nazi ! Soutien du Hamas, terroriste !"Les jeunes extrémistes ont distribué des tracts accusant les dirigeants du CRIF d'avoir "sciemment accepté de devenir des protégés de l'islam : c'est-à-dire de nouveaux dhimmis", acceptant un statut d'infériorité. Placide, M. Alaoui s'est tourné vers la petite bande en disant : "Continuez, ça ne me dérange pas..." Puis il a franchi le sas vitré qui mène au Centre Rachi, abritant le CRIF.

De l'avis unanime, la rencontre s'est bien déroulée. Pendant une heure et demie, les représentants de l'UOIF ont dialogué avec les membres de la commission des relations avec l'islam du CRIF, en présence du président, Roger Cukierman. C'est principalement Fouad Alaoui qui a parlé. Il s'est placé sur un plan religieux pour dénoncer l'antisémitisme : "Toucher à un juif, c'est contraire aux principes de l'islam." Il a insisté sur le fait qu'il était "hors de question d'importer un conflit étranger sur le territoire français". Des applaudissements ont salué son discours. Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach était présent dans la salle, comme "témoin muet". C'est lui qui était à l'origine de la rencontre, ayant lancé cette proposition lors d'un débat sur Europe 1, le 13 juin.

"DÉBAT FRANC ET SEREIN"

Richard Prasquier, président du Comité français pour Yad Vashem, s'est inquiété d'un "climat détestable dans les écoles, où il n'est plus possible d'enseigner la Shoah". Certains ont reproché à l'UOIF de ne pas condamner suffisamment les actes antisémites. M. Alaoui a répondu qu'il l'avait fait à plusieurs reprises, mais qu'il jugeait nécessaire de savoir au préalable si l'on avait affaire à un acte antisémite ou "de délinquance". Le souhait général était de "faire quelque chose ensemble", même si aucune date n'a été fixée pour une nouvelle rencontre. Cependant, les représentants du CRIF n'excluaient pas de se rendre, à leur tour, au siège de l'UOIF.

Les deux parties n'ont finalement pas signé de communiqué commun, l'UOIF ne l'ayant pas voulu. Chacun s'est contenté d'une déclaration à la sortie. "Le débat a été franc et serein, a commenté Fouad Alaoui. L'UOIF a affirmé que les deux communautés devaient participer à un effort en faveur de la paix sociale. Notre condamnation de l'antisémitisme est totale. De même que nous sommes inquiets de la montée du racisme et de l'islamophobie. Nous souhaitons qu'on ne qualifie pas chaque acte antisémite comme d'origine musulmane."

Le président de la commission des relations avec l'islam du CRIF, Bernard Kanovitch, a déclaré : "Un dialogue est ébauché. Nous avons exprimé les inquiétudes de la communauté juive face à la montée des violences et de l'intolérance. Nous avons demandé à l'UOIF de veiller à l'enseignement des imams dans les mosquées. Cela demandera une surveillance de notre part. Mais l'UOIF a fait preuve de maturité."

Les participants ne cachaient pas leur satisfaction prudente. Le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Yonathan Arfi, parlait d'un dialogue "nécessaire" : "Cela fait quelque temps qu'on est sorti du fantasme autour des "gens de l'UOIF"." En même temps, il se montrait sceptique sur les suites : "Le CRIF est un organe politique, qui se trouve face à une entité religieuse. D'où une part d'incompréhension, par exemple sur la nature du sionisme, qui est un mouvement national."

L'ancien président du B'nai B'rith, Yves Kamami, estimait que "la réunion pouvait avoir des effets positifs. En tout cas, M. Alaoui a prononcé des mots forts, affirmant sa volonté de paix civile et de ne pas importer le conflit israélo-palestinien." Puis il livrait, peut-être, la clé du succès de la rencontre : "Le but était d'éviter de parler de ce conflit. Il fallait discuter de ce qui nous rapproche et pas de ce qui nous divise."

30/03/2004

Jamais Passion n'a soulevé un tel tollé

La sortie, mercredi 31 mars, dans 500 salles françaises, du film «La Passion du Christ» du producteur-réalisateur Mel Gibson, s'inscrit dans un contexte polémique sans précédent.

30/04/2003

L'arche : La France des Justes

L'ARCHE. Le mensuel du judaïsme français consacre son numéro à « La France des justes », ces milliers de Français qui ont risqué leur vie pour sauver des juifs : rappels historiques, portraits, témoignages. « Parce que chaque pays a eu aussi ses justes, les juifs n'ont pas le droit de stigmatiser un peuple "dans son essence" », écrit Richard Prasquier, le président du Comité français pour Yad Vashem. (N° 541-542, avril-mai, mensuel, 6 € - 39, rue Broca, 75005 Paris.)

27/02/2003

Pour l'honneur des Justes de France

L'Express du 27/02/2003

Livre

Pour l'honneur des Justes de France

05/12/2001

AMOPF - Médecins d'origine Polonaise de France

Parution dans la lettre de l'AMOPF :

LA LEGION D’HONNEUR POUR RICHARD PRASQUIER
par Pierre Konopka

Un de nos membres, le Docteur Richard Prasquier, a été nommé Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Les insignes de la Légion d’Honneur lui seront remis par le Professeur Adolphe Steg, Grand Officier de la Légion d’Honneur, lors d’une cérémonie qui aura lieu le 18 décembre 2001 à l’Hôtel de Ville de Paris, à l’invitation du Maire de Paris, Monsieur Bertrand Delanoë. Nous le félicitons très chaleureusement pour cette grande distinction. Richard est un de nos membres les plus anciens et il a été l’un des membres fondateurs de l’AMOPF en 1989. Il a occupé un poste de Vice-Président dans le premier Conseil d’Administration. Nous connaissons tous sa passion pour la cardiologie; ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique à l’Hôpital Beaujon, il a développé depuis plusieurs années une très grande activité professionnelle. Ceux parmi nous qui exercent une activité libérale lui confient avec confiance leur patients. En mars 1995, sa passionnante conférence d’EPU sur les progrès en cardiologie (avec les Drs Klimczak et Kucharski) nous a réuni en masse. Il a publié par la suite le texte de cette conférence dans La Lettre de l’AMOPF (N°2/1995 et N°3/1995). Mais Richard a aussi une autre passion : le travail associatif. Polonais d’origine juive (ses parents arrivent en France quand il a 1 an), ayant perdu presque toute sa famille en Pologne dans les camps de concentration nazis, il se consacre avec patience à la découverte des lieux de mémoire. En collaborant avec un chercheurs italien, Marcello Pezetti, il a retrouvé l’emplacement de la première chambre à gaz d’Auschwitz (Bunker N°1), qui se situe en dehors de l’enceinte du camp. Une maison a été construite sur cet emplacement et une famille de paysans y vivait. Richard avec ses propres fonds a acheté un logement pour la famille qui a habité cette maison et l’a rachetée. La maison est déjà rasée et un petit mémorial sera construit sur cet emplacement historique. Richard poursuit ses recherches d’autres lieux de mémoire, notamment dans les anciens camps de Belzec ou Chelmno. Il n’y a rien dans ces lieux qui pourrait rappeler qu’ils s’agissait de camps d’extermination où des milliers d’êtres humains ont été martyrisés et anéantis. Par ailleurs, il milite dans beaucoup d’autres associations : il est, entre autres, président du Comité Français de Yad Vachem, qui instruit les dossier des Justes en France, siège au bureau de CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) ainsi qu’au conseil de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, présidée par Simone Veil. L’homme que nous connaissons maintenant depuis 12 ans est très attachant, modeste, presque timide, d’une grande droiture et gentillesse, toujours fidèle à notre association. Depuis toujours, il est unanimement apprécié par nous tous. Nous lui présentons nos sincères félicitations de la part du Conseil d’Administration ainsi que de tous les membres de l’AMOPF.